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« La 1ère chose que j’ai faite c’est de tagger ‘Uman’, à l’époque c’est comme ça qu’on trouvait nos blases », pionnier du rap bruxellois, Uman nous reçoit dans son salon. Des tas livres sont empilés sur les étagères, entre ses disques et  ses peintures, le téléphone n’arrête pas de sonner : son nouvel album Umanist est prévu pour le 24 avril.

 

 

« J’ai commencé en 1986, au début j’étais juste passionné par la culture hip hop, je devais avoir douze ans quand j’ai vu du rap à la télé pour la première fois », il nous raconte qu’au début les crews s’inscrivaient dans toute la culture hip hop : « J’ai débuté en jeune afficionado par le tag, un peu de break’ et de scratch comme tout le monde, mais je n’étais pas très doué » ajoute-il en riant.

 

 

Si aujourd’hui il se consacre à un autre style de musique, il a toujours gardé des connexions avec le hip-hop : « C’est ce qui m’a mis sur les rails, début des années 90 j’ai rencontré les gens de ‘De Puta Madre’ et j’ai rappé avec eux avant de sortir mon premier album. » Il n’a pas voulu se mettre de limite musicale, la preuve : son prochain album est dans un style reggae francophone.  

 

 

 

 

 

"Si tu trouves que c'était mieux avant: va danser au musée. C'est logique que les choses évoluent, les attentes des gens aussi."

 

 

 

 

Pionnier du rap belge, il a vu le mouvement changer : « Le hip hop est passé d’une contreculture à une musique qui cherche à vendre. Quand c’est arrivé c’était engagé, fédérateur. C’était des jeunes des quartiers qui se prenaient la main, montaient un business et qui ont fait émergé une culture.  Bizarrement aujourd’hui les jeunes sont plus intéressés par le rap et la trap, nous on commençait avec le graffiti et le breakdance. »

 

 

Au début le rap était entouré par les acteurs sociaux et ne s’est émancipé que par la suite et, pour lui, c’est une bonne chose : « Ça nuisait au rap, c’était une façon de justifier les subsides et de garder un contrôle politique sur les jeunes. » Les rappeurs racontaient la vie des quartiers, une façon pour eux d’être politiquement impliqués. « J’étais dans un crew hardcore avec un contenu ‘égotrippé’. Mais j’ai toujours eu un discours un peu engagé de dénonciation, de journalisme sur la société et l’oppression » Il ajoute que c’est le rap qui a donné des structures au ghetto pour sortir de sa condition : « Le mec des quartiers qui a fait son petit truc de rap, monté son business… c’était une école de vie. »

 

 

 

"Le rap c'est une expression critique mais aussi une poésie."

 

 

 

Aujourd’hui l’accès au milieu est différent, un ordinateur suffit pour se lancer, selon lui les jeunes sont plus individuels.  « Quand on était jeune on trainait en bande et ça finissait toujours au snack. Il y avait aussi le studio, la scène… et le quartier des putes, ajoute-t-il en riant. Les magasins de disques ont joué un rôle fédérateur : c’est là qu’on se retrouvait, c’est là qu’on partageait, c’est là qu’on écoutait des sons, c’est là qu’on rêvait. »

 

"Umanity"

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