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"Plus besoin de vous"

« Moi je suis un grand râleur, un type aigri qui fait que râler enfin, maintenant je me force à faire des trucs plus joyeux », il nous balance ça en riant. Convok, la trentaine, nous avait donné rendez-vous chez lui, une immense maison qu’il partage avec d’autres rappeurs.

 

 

Au fil des années il s’est forgé un nom, son travail a payé : « J’ai toujours eu comme rêve de faire quelque chose de grand et jamais je n’ai eu envie de me contenter de peu, je ne suis pas un glandeur. J’aimais beaucoup lire et écrire, puis un jour j’ai écouté une mixtape, les gens d’armes de DJ HMD, et j’ai découvert qu’il y avait du rap en Belgique. J’ai eu envie de me lancer. »

 

 

Pas de surprise quand il nous explique que sa motivation c’est la rage, ses textes enchainent punchlines et états d’âme sans transition. C’est sa passion, son exutoire : « Il y a beaucoup de choses qui me révoltent dans ce monde, avant j’essayais d’expliquer et d’ouvrir les yeux aux gens. Là maintenant j’estime que je suis là pour mettre des tartes dans la gueule des gens, j’ai plus cette force d’expliquer aux gens, et il conclut en tirant sur sa cigarette, de toute façon ils n’ont sans doute pas envie qu’on leur explique. »

 

 

 

 

« A l’époque c’était vraiment engagé ça venait de là. C’était un trop plein de rage et d’injuste qu’on évacuait en rappant »

Pour lui ce qui a changé dans le rap c’est le fait que ce soit passé d’un courant musical à une musique validée par certaines radios : « A l’époque le rap était plus engagé, un trop plein de rage et d’injustices qu’on devait évacuer. Aujourd’hui on transmet plus des constats que des revendications, ou alors avec plus de légèreté. Les gens ne rappent plus pour les mêmes raisons : ils disent ce qu’ils veulent et c’est moins engagé, c’est l’évolution normale des choses. Ça a été récupéré et à partir de là ça devient une musique acceptée, validée et les gens en font ce qu’ils veulent. »

 

 

« Le rap, à la base, était revendicateur. C’est comme ça qu’il est né, après il a évolué simplement. Mais au final tout le monde y trouve son compte. »

 

 

Selon Convok, il n’y a pas de réelle identité au rap belge, même s’il s’est développé dans une bulle : « Pour les gens de l’extérieur, les Belges font du rap qui tue alors qu’ailleurs tout est lié à l’argent. Ils se disent qu’on fait encore du rap alors que les autres sont tous à faire de l’autotune de merde et des bazarres pareil. Mais j’pense pas que ce soit voulu de notre part, si t’attends encore un peu on aura ça ici aussi ! » On retrouve son côté pessimiste dans sa vision du rap comme dans sa musique.

 

 

Il nous tease le prochain album dans un franc parler et un style propre à lui : « La suite c’est pour me faire plaisir, ce sera beaucoup plus énervé. J’ai pu faire du rap ‘conscient’ et on m’enlèvera pas ça, je vais pas commencer à dire que je veux des grosses putes ou ce genre de conneries. Plutôt mourir ! C’est pas du tout mon genre et j’pense pas que vous verrez ça de mon vivant », ajoute-t-il en riant.